mercredi 31 octobre 2018

Murder Queen

Murder Queen

Ma commande est bientôt prête, pratiquement 30 minutes que je l'attends à ce fichu food-truck. Tu parles de restauration rapide.
Après avoir dévoré son bagel, il va pour jeter l'emballage dans une poubelle au coin de la rue et c'est alors que je décide de l'aborder.
"Excusez-moi, vous fumez ?"
"Oui, mais c'est ma dernière."
"Parfait! je vais vous laisser la fumer avant de mourir dans ce cas!" je lui rétorque tout sourire, gorge et canines toutes déployées pour le saigner. Il n'a même pas fini son sandwich, il l'a simplement laissé tomber après avoir vu mes dents grandir monstrueusement hors de ma bouche. Quel gaspillage, vraiment, et moi qui ne mange pas la nourriture de ma nourriture. Dans sa poche je saisis le quotidien édité pour le métro, en arrache trois pages dans lesquelles j'emballe un morceau de premier choix. Ce sera mon casse-croute.
En finissant mon petit en-cas, je cherche des yeux quelque chose pour m'essuyer la bouche et finis par utiliser à nouveau le journal.
À ma grande stupéfaction je tombe sur un le titre d'un article faisant état du meurtre du rhinocéros au parc zoologique de Thoiry, retrouvé mort, sa corne sciée et volée. Et c'est étrange comme la simple évocation de ces faits de braconnage me renvoie des années en arrière.

Dans les années 90, j'avais été convié par un ami à un séjour en Afrique de l'Est. Vlad, prospérait à l'époque grâce à plusieurs "usines à bébé" comme il les appelait, des entrepôts remplis de jeunes femmes enceintes qui en échange d'argent, donné naissance à des enfants disponibles à l'adoption pour de riches occidentaux.
Selon lui, certaines voyaient cela comme une opportunité, voir même une libération, car parmi elles, des grossesses étaient la conséquence de viols. 
Ensuite il suffisait à Vlad de récupérer à l'aide d'un ingénieux système le sang versé lors d'accouchement et l'entreposer dans de grandes cuves pour sa consommation personnelle.
Mon très cher ami moquait mes méthodes qu'il jugeait "barbares", lui, le philanthrope, le bienfaiteur de l'humanité dont il se nourrissait, semblaient-il oublier. Il était l'équivalent en son temps des actuels bobos de gauche ayant pour maxime "faites ce que je dis, ne faites pas ce que je fais". Lors de ma visite, je m'étais joint à lui pour une partie de chasse en pleine savane tanzanienne de l'aire Ngorongo, une expérience "EX-AL-TAN-TE" qu'il m'avait promise pour m'inciter à participer. Sur les toits de chaume d'une petite habitation, la pleine lune venant souligner les contours de chaque chose dans l'obscurité environnante, observant le moindre mouvement dans l'attente d'une proie de choix. Je sentis alors une odeur de brulée et compris en regardant à quelques lieux d'ici que cela était lié à un épais dégagement de fumées, plus noires que la nuit, aussi nauséabonde que la mort. Celles-ci nous menèrent jusqu'à des cadavres calcinés d'éléphants, leurs peaux fondues semblables à des voitures accidentées après un carambolage meurtrier sur l'autoroute.Vraisemblablement, nous étions sur la piste de braconnier plutôt expérimenté.
Bien qu'ils n'aient pas laissé de trace de sang ou de pas dans leurs fuites, je pouvais les suivre à l'odeur, comme du gibier.
Ils devaient se pensaient être les seuls prédateurs en chasse ce soir là...quand nous les avons enfin retrouvés, sur le parking désert derrière un bordel en pleine célébration.
Les braconniers étaient en train de s'immortaliser en compagnie de son riche client, un blanc qui arborerait fièrement un tee-shirt aux couleurs américaines, posant tous ensemble pour une photo souvenir avec la tête d'un lion mort, des pangolins encore gesticulants et un sac rempli de cornes en ivoire.
Quel grand prédateur achète un trophée? Paie pour tuer? C'est d'un pathétique effarant et cynique.
Il n'y a plus aucun enjeu, cela reviendrait à s'offrir un ours en peluche dans une fête foraine, au lieu de jouer pour le gagner.
Vu sa physionomie, il était évident qu'il était aussi du genre à devoir payer pour baiser et c'est justement ce qu'il s'apprêtait à faire quand nous lui sommes tombé dessus, toutes gueules ouvertes, canines sorties, prêtes à drainer leurs sangs.
Nos gestes fendirent l'air à la manière d'une lame de sabre, des coups de feu nerveux partirent aux hasards sans toucher leurs cibles tandis que le sang se répandait sur la terre, grandissant comme une ombre qui recouvrait la scène.
Tandis que je fouillais les cadavres à la recherche de pièce d'identité, mes trophées, j'entendis un bruit ayant pour provenance l'arrière de leur pick-up. Sous la bâche du coffre quelque chose bougeait, grelottait, son relief évoquait une forme humaine, celui d'une jeune femme albinos à qui l'on avait amputé et laissé là, meurtri, à se vider de son sang malgré un garo de fortune qu'il lui avait été apposé. Celui qui avait fait ça, venait de prendre la fuite avec la main gauche qu'il lui avait tranchée et considérait cela comme un porte bonheur. Tout cela pour quelques croyances primitives et en échange d'une poignée de billets. Maintenant, je me souviens que ce fut l'une des rares fois de mon existence où j'éprouvai pitié et compassion. Et c'est ce qui motiva ma décision de la faire mienne. Je ne comprends toujours pas comment vous autres, humains, en arrivez à rejeter même ceux de votre espèce.
Pourtant, vous êtes en tout point similaire hormis il est vrai, votre couleur de peau et votre gout. Entre nous, cela est plus dû à l'alimentation qu'à la provenance de la viande.
Cela dit, votre espèce n'étant pas cannibale ces arguments sont hors de propos. Quand je vous écorche, vous pèle, vous éviscère, vous avez tous cette même couleur rouge sang, ce rose cartilage, le blanc os qu'ils soient noir ou blanc jaune ou gris. Une mélodie folklorique et mal interprétée à l'accordéon me sort de mon moment d'absence.
Lorsque je lève les yeux pour regarder le nom de la station de métro, je croise le regard pétrifié du musicien Roms qui passait entre les rangées de sièges pour faire la mendicité et qui tellement terrifié par moi lâche son gobelet en se précipitant hors de la rame, laissant derrière lui sa monnaie et son matériel.
Cette angoisse, une peur ancestrale qui le submerge et le poursuit maintenant, causa l'exode de tout son peuple des steppes transylvaniennes. Il devait penser certainement que mon existence était cantonnée aux témoignages de vieux alcooliques et autres contes que les anciens lui racontaient enfant pour qu'il soit sage. Ainsi je décide de le suivre jusque dans la rue, lui, totalement paniqué, trébuche et se relève plusieurs fois en remontant les escaliers de la station cherchant la sortie. Quand je l'attrape enfin, celui-ci pleurniche et je crois presque à de la comédie jusqu'à ce que je vois l'impressionnante tache d'humidité grossir sur son jean et la vapeur qui s'échappe entre nous, bien que je ne puisse me fier à son odeur vu qu'il put déjà les excréments et le feu de bois en temps normal; une brochette de merde au barbecue. Leur sang est peut être un peu tourbé en raison de cela.
"Pourquoi, vious faites ça missioueur?"
"C'est ta famille qui a tué le rhino?"
"Non missioueur, ji vous promet à vous, c'est les Chinois!"
Ce qu'il me révèle là n'est pas vraiment une surprise, il y a plus de putes au mètre carré dans ce quartier que de rats.
Je considère l'information qu'il vient de me donner comme étant plutôt fiable, mais reste prudent pour autant.
Ces êtres vils ont toujours fait de bons informateurs; si tant est qu'ils disent la vérité; mais de très mauvais serviteurs en cause leur manques de loyauté et d'hygiène. Voilà pourquoi ils furent contraints de partir.

Me voilà bien embarrassé, moi qui de mon vivant n'ai jamais eu d'enfant et qui maintenant mort me voit en recueillir une. Ne vous méprenez pas mon histoire ne va pas prendre la même tournure qu'entretiens avec un vampire. Hors de question qu'il y est un triangle amoureux gay, ni de goule à paillète ou quoique ce soit dans ce gout-là. Je suis un prédateur, un putain de P-R-E-D-A-T-E-U-R. À ne pas confondre avec la créature extraterrestre gladiateur en fishnet gay-friendly et face d'araignée s'il vous plait.
Pour l'aider à étancher sa soif nouvelle, je l'amenais chasser. Nous faisions le tour des campements de braconnier qui était plutôt facile à repérer et à décimer la nuit tombée. Au petit matin, parfois, les rangers les découvraient étrangement pris dans leurs propres pièges ou écorchés à la manière de félins. Les plaines de Rukinga, la réserve naturelle kényane, ainsi jonchée de cadavre de braconniers vietnamiens commençaient à ressembler au décor des films Full Metal Jacket et Apocalipse Now. Bien sûr, parmi les corps il y avait toujours des locaux, payés pour jouer les guides, reconnaissables en ville à leurs montres et leurs voitures. Et c'est logiquement que la légende de "la mort blanche" (ainsi avait elle été rebaptisée) commença à se répandre dans les villages voisins. (Paradoxalement, les rangers eux voulaient que les touristes américains continuent d'affluer pour voir les grands animaux en dépit qu'ils aient une influence économique et morale néfaste s'insinuant partout où ils passent, même dans ces contrées les plus reculées.) Mais Darla était toujours à la recherche de celui qui avait fui avec sa main gauche. La traque nous avait même menés sur la piste d'esclavagistes ougandais qui fournissaient en autre chose des enfants à certains bordels de Kampala, hauts lieux du tourisme sexuel pédophile. Pour les appâter, il avait fallu que Vlad se fasse passer pour un acheteur, et je le sais maintenant, j'aurais dû avoir un doute à ce moment-là. Sans la moindre méfiance, il nous fut présenté des dizaines d'humains d'âges différents, défilant devant nous comme du bétail pour lesquels on nous vantait leurs vertus, qu'ils soient des pures races ou des bâtards.
Le vendeur osa avancer sous forme d'argument commercial et humoristique qu'il faisait là une promotion de "deux pour le prix" en désignant une femme enceinte et "d'un prix au kilo voir à la tonne" si on lui en prenait plusieurs.
Devant lui, sur son comptoir, l'homme avait disposé différents items considérés comme étant de valeur, car rares selon ses dires. Parmi eux on pouvait trouver des têtes humaines réduites, des foetus siamois dans des bocaux de formol et une main d'albinos.
L'esclavagiste intrigué par la présence de Darla, dissimulée sous un voile jusqu'alors, s'approcha d'elle en murmurant quelque chose se voulant l'équivalent dans son dialecte de "voyons ce que nous avons là".
Elle fit un geste de recul craintif, mais ce dernier insista et lui retira la capuche qui cachait son visage juvénile.
Mais quel fut son ravissement de découvrir qu'elle était albinos, particularité tant convoitée des sorciers et autres guérisseurs traditionnels, il afficha soudainement un sourire lubrique qui trahissait ses intentions. Il passa une main dans les cheveux de Darla et déroula une de ses Anglaises, pris un instant pour ravaler sa salive puis demanda à Vlad "Est-elle vierge?".
Vlad inclina la tête et l'homme examina la jeune femme qu'il avait devant lui avec empressement, faisaient des commentaires élogieux sur sa beauté. Sans aucun doute qu'il l'imaginait déjà morte empaillée tel un animal rare dans un musée où exposée vivante, enfermée dans une cage en verre comme au zoo ou un cirque et autre freakshow. Il suivit ses chaines et glissa ses mains jusqu'aux menottes où il découvrit à sa grande surprise qu'elle n'avait qu'une seule main. C'est alors qu'il comprit, qu'aujourd’hui, quelqu'un l'avait vendu, lui. Et tandis que Darla l'étranglait de sa seule main afin de faire jaillir le sang par une entaille au fond de sa gorge comme une fontaine publique, il envoya à Vald, un dernier regard mêlé d'incompréhension et d'horreur.

Notre séjour en Afrique tenez bientôt à sa fin, et j'avais insisté auprès de Vlad pour qu'ils nous fassent visiter ses fameuses installations dans la ville d'Umaka au Nigéria dont il m'avait tant parlé. Et c’est dans cet immense hangar insalubre qu'il tenait en lieu et place ce qu'il appelait avec amusement son usine à bébé. L'endroit était cloisonné en plusieurs parties : le "dortoir" de 300m◊ avec ses centaines de lits de camp pour les femmes, une autre salle "la couveuse" était consacrée aux nourrissons, les cuisines, les sanitaires, et sans oublier la salle d'opération et les cuves en sous-sols. Toujours avec une légèreté cynique il se ventait de sa cuve de sang de type O négatif et du fait qu'il envisageait de la transvaser dans des tonneaux de chêne pour le faire vieillir comme un grand cru. Soudain un groupe d'homme armé complètement affolé vint interrompre notre visite pour s'entretenir avec le propriétaire.
Vlad s'excusa de devoir s'absenter un instant, et alors qu'il conduisait à l'écart l'attroupement surexcité, ces derniers commencèrent leurs explications à base de grandes exclamations et de mimes. Je n'avais pas eu besoin de savoir parler leur dialecte pour comprendre de quoi il en retournait. Ils venaient se plaindre de la présence dans la région de retrécisseur de sexe, des sorciers capables de réduire la taille du pénis d'un homme d'un simple contact physique, comme une poignée de main par exemple.
Ces rumeurs propagées par les marabouts locaux n'étaient pas prises à la légère par les habitants, surtout par ces derniers qui je l'avais compris étaient payé par Vlad pour engrosser les femmes et surveiller l'entrepôt. 
Pendant ce temps-là, une de ces "mères pondeuses" profita de toute cette agitation pour discuter avec Darla. Elle attira d'abord son attention en lui caressant le bras, puis lui murmura quelques mots dans le dialecte local.
Après quelques minutes, Darla se retourna vers moi avec une expression que je ne lui avais encore jamais vue. Une haine viscérale que même tous les braconniers et esclavagistes que nous avions croisés n'avaient pu réveiller jusque là. Tout en essayant de contenir sa rage, elle m'expliqua que Vlad était responsable de la traite des albinos, de l'avoir retiré après son "sevrage" à sa mère pour être vendu au plus offrant, du meurtre de celle-ci pour la vente au détail, qu'il possède tous les bordels environnants, que ce sont là ses putes qui sont enceintes dans son "usine à bébé" et non des jeunes femmes enceintes victime de viol par des militaires britannique en faction près du petit village Kényan d'Umoja, où elles se retrouvent après avoir été bafouées et réprimé par leurs lâches maris après que ceux-ci prirent connaissance des sévices abominables endurés. Non, ce n’était pas une seconde chance donnée à ses jeunes femmes pour accoucher loin de ce contexte chaotique, Vlad n'était pas le philanthrope bienfaiteur qu'il se vantait être et quand ce dernier revint vers nous, je lui demandai de s'expliquer. Et sans perdre contenance, ni aplomb il but une gorgé dans le verre qu'il tenait à la main et argumenta qu'il avait trouvé un système à la rentabilité maximum par des techniques comme la fécondation in vitro, ou la sur-fécondation (dont le principe est de provoqué une deuxième grossesse à une femme déjà enceinte) et c'est par ce biais qu'il pouvait se procurer et produire en abondance des élixirs de 0 négatif comme il pouvait en déguster présentement.
Je me trouvais face à un cas de conscience : je ne pouvais le tuer, ni l'a laissé le tuer, ce serait me comporter comme ces humains et je ne pourrais tolérer cela. 
Cependant, je me devais de faire quelque chose. En partant, je donnai discrètement à celui qui me paraissait le plus pauvre du groupe d'homme, une généreuse liasse de billets américains volés sur la dépouille d'un touriste braconnier en lui disant en anglais ce qu'il devait faire. Le communautarisme à une logique bien étrange; si vous vous attaquez à une autre ethnie ou religion, vous déclarez une guerre, par contre si ce sont vos gens que vous persécutez, alors là, personne n'y voit aucun mal. En l'occurrence je venais de leur désigner un coupable idéal pour leur problème érectile.Tous ces mauvais souvenirs derrière nous, elle était fin prêtre pour commencer sa nouvelle vie, celle d'une adolescente en quête de découverte et d'expérience.
De cette période faste et enivrante, je garde quelques souvenirs qui me font encore sourire. Comme son premier "rendez-vous", timide, elle préférait utiliser internet et les applications de rencontre, je ne juge pas chacun sa génération. Il l'avait gentiment invité à regarder un film chez lui, ce qu'elle accepta, la soirée se passe comme prévu, je vous épargne les détails...et à un moment donné pris d'un élan romantique il a la bonne idée de vouloir se prendre en selfie avec elle. Sauf qu'hélas quand il regarda la photo qu'il venait juste de prendre il se rendit, compte qu'elle n'apparaissait pas dessus et avant même qu'ils puissent comprendre Darla lui sucer débat le cou.
Ensuite, sous le coup de l'excitation, elle commanda un uber-eats avec le téléphone du jeune homme pour se faire livrer le dessert.
Il y a aussi cette fois-là, dans un cinéma, où je l'avais surprise installée avec un bellâtre dans un rang sur le côté de la salle.
Je me rappelle de cette scène comme si c'était hier. Les lumières qui s'éteignent; le silence précède le générique dérangé par le bruit d'un pot de pop corn tombé sur le s'étalant sur la moquette; Darla blotti contre lui, penché sur son entre-jambes; le film qui commence; le bruit de succion aussi. Et la tête du garçon qui se renversait sur le siège, les yeux révulsés, la bouche grande ouverte. Mort dans un frémissement pendant une scène horrifique. Ça avait dû l'émoustiller. Les effusions de sang sur les sièges en velours rouge ça ne se voit pas dans l'obscurité d'une salle de cinéma durant la projection. Tout ça, c'était avant qu'elles ne prennent suffisamment d'assurance, conscience de ces atouts et de sa féminité. Elle qui n'osait s'aventurer dans les bars, raccompagnait désormais les garçons éméchés. Bien que je ne sois pas un grand amateur de viande soule, je dois admettre que c'est plutôt astucieux, personne ne viendra s'opposer ce qu'un mec ivre rentre avec une jolie poulette, de plus cela retarde la recherche du corps, sauf si bien sûr celui-ci est marié. Darla allait même jusqu'à se promener volontairement dans des coins paumés et malfamés, cherchant à se faire enlever discrètement pour mieux tuer ses proies. Les prédateurs sexuels et autre pervers ont beaucoup de sang froid et ceci est fort appréciable par les chaudes nuits d'été.

Arrivées à l'adresse indiquée dans le 13 ème arrondissement, toutes les gagneuses sont alignées devant les perrons. On pourrait presque y trouver une forme de rigueur militaire dans leurs déploiements.
En observant bien on remarque qu'elles ont les canines arrachées, pourquoi? Pour éviter qu'elles ne se nourrissent des clients, qu'elles soient dociles et n'attirent les soupçons quant à leurs natures, leur patron les garde en état de manque de sang permanent d'où leurs aspects de camé rachitique. Et semblable à des chiennes, il leurs à même mis des colliers électriques anti aboiements. Prostitution et luxure ont toujours pris place la nuit, tout cela n'est pas nouveau, il n'a rien inventé, il s'est juste à s'inspirer de la société humaine. De même que le phénomène de mondialisation a influé sur le marché noir. Pourquoi pensez-vous qu'il y est des femmes originaires des 4 continents sur ce trottoir.
À mon arrivé seules les putes asiatiques reste à leurs places, impassible en apparence tandis que les filles de l'Est prennent la fuite à ma seule vue. Ma réputation me précède faut dire.
Je remarque une certaine agitation à l'étage, et c'est alors que je me jette dans la cage d'escalier grimpe les marches deux à deux en essayant d'éviter la horde de prostitués qui déguerpissent en sens inverse. En pénétrant dans la pièce, je suis instinctivement les traces de sang au sol jusqu'à trouver les cadavres. Le maître des lieux, un vieil homme asiatique empalé avec une corne de Rhinocéros, étouffé par ses propres parties génitales enfoncées dans sa bouche et ses hommes décapités, leurs têtes accrochées aux murs comme des trophées de chasse. Une légère brise me parvient d'une porte-fenêtre laissée grande ouverte d'où j'aperçois une silhouette féminine s'échapper. Darla! C'est bien elle, sans aucun doute possible.
Après l'avoir tant cherché, je ne pensais plus la retrouver et maintenant que je suis face à elle et bien je ne sais pas quoi lui dire.
Heureusement elle brise le silence.
"Que fais-tu ici?" m'invective-t-elle en me faisant toujours dos.
"Pourquoi es-tu partie, Darla?!" je finis par formuler cette réponse comme si le souffle me manquait et la vie me quittait.
Or, je ne respire pas puisque je suis déjà mort depuis bien longtemps. À ses mots, elle fait volte-face et me rétorque, pleine de véhémence : "Pour quoi faire un élevage de femme enceinte?".
"Ce sont des moyens de pression sur des trafiquants, des esclavagistes...il n'y a rien de pire pour ces gens que de s'attaquer à leurs familles."
"Pour moi tu perpétues le problème au lieu d'y mettre un terme." Conclue-elle avant de se retourner et disparaitre une nouvelle fois, dans l'obscurité en contre de bas.